Photo d’illustration sans lien avec l’article, prise dans le logement loué à l’île de Ré pour un court séjour il y a deux ans.
Bien que la plupart des blogueurs délaissent leurs sites pour se mettre sur des plateformes qui leur demandent moins de temps pour créer des contenus car ceux-ci sont plus courts et instantanés, en plus d’être des lieux où l’interactivité semble plus simple avec la possibilité de connaître ses lecteurs, il y a des survivants de ce format, le blog.
Active sur ces comptes de publications courtes et instantanées, j’ai quand même tendance à vouloir revenir au blog qui finit par me manquer à chaque fois, et ce depuis une dizaine d’années. Je ne compte plus le nombre de blogs que j’ai ouverts sur des plateformes dont certaines existent encore mais ont changé de « propriétaires », et d’autres qui ont simplement fermé, sur lesquelles j’ai laissé des bribes de mon histoire personnelle et de mes états d’âme. La plupart ont été laissés ouverts mais je ne serais pas en mesure d’y retourner, ne me rappelant pas leur adresse et n’ayant aucunement cherché à les mémoriser.
Il y a eu une longue histoire avec 20six qui a alimenté de multiples échanges avec L. et me l’aura fait connaître beaucoup mieux que lorsque nous nous sommes « croisées » dans nos vies beaucoup plus tard, même si nous ne sommes plus les mêmes qu’il y a dix ans ; un passage flou sur mySpace dont j’ai très peu de souvenirs, Livejournal qui abritait une communauté de passionnés de Japon et plus précisément de J-rock à l’époque (tendance jamais suivie pour ma part) dont certaines avec qui je laissais des mots sur leur site et inversement de temps à autre, Blogspot où j’ai le souvenir d’avoir laissé une grande partie de moi car zéro lecteur signifiait un plus grand élan de liberté, et enfin WordPress plus récemment avec lequel mes écrits ont mûri et continuent. La plateforme évolue dans l’air du temps, autant les fonctionnalités qui sont faciles à utiliser que les templates qui s’accordent avec les dernières tendances. J’avais essayé Wix par curiosité et y avais découvert des templates au design esthétique avec une prise en main assez simple mais les coûts m’ont empêchée de continuer au vu de l’utilisation que j’en fais, sans aucun objectif derrière qui nécessite une telle facture.
Je perçois une évolution notable entre le passé et aujourd’hui sur mon rapport à l’écriture. Je pouvais auparavant partager mon espace à quelques lecteurs qui accédaient à une intimité dévoilée sur ma personne et pouvaient se permettre de juger subtilement, sans que ce soit explicite. Je n’étais pas à l’aise avec cette idée même si j’essayais de ne pas m’en soucier et que la volonté de partager primait sur le sentiment de gêne. Aujourd’hui le besoin a plus ou moins disparu, il est encore présent mais ne me préoccupe plus autant au point d’avoir des réflexions qui sèment le doute et me pousseraient à franchir le pas. Je crois que toute personne qui écrit, notamment dans un format comme celui-ci, assez personnel, souhaiterait un jour être lu, cependant je sais que j’écris avant tout pour moi pour tous les bienfaits que me procurent cette activité. J’étais autrefois dans une frénésie de vouloir produire beaucoup d’articles qui d’ailleurs étaient loin d’être d’égale qualité entre elles et parfois même ne racontaient rien de particulier ; je peux passer du temps à peaufiner mes écrits avant de les publier désormais, cette prise de conscience est toute récente, et il peut arriver que le premier jet soit plusieurs jours ou semaines avant la publication, sans qu’il n’y ait de quelconque frustration, sans même que ces articles ne soient voués à être visibles. Je relatais de façon brute mes journées, sorties et voyages sans prendre beaucoup de recul, dans un style d’écriture qui manquait de naturel mais que j’essayais de trouver ; j’ai le sentiment d’être davantage réfléchie et que je n’écris plus totalement le même contenu aujourd’hui ni pour les mêmes raisons, ni de la même manière. Je passais beaucoup de temps à travailler le design de mon espace pour qu’il ressemble le plus possible à ce que je voulais tel un cocon dans lequel je souhaitais me laisser happer, aujourd’hui le minimalisme me convient très bien même si le choix du template se fait encore minutieusement pour une personnalisation maximale.
Par ailleurs, autant rédactrice que lectrice, il subsiste encore une liste de blogs dans les favoris de mon navigateur internet, que je consulte de temps en temps. Certains que j’ai décidés de suivre il y a plusieurs années et qui ne sont plus alimentés depuis un moment, délaissés par leurs auteurs pour les réseaux sociaux (sur lesquels je les suis aussi), d’autres découverts récemment, des photographes qui aiment raconter aussi, via l’image mais aussi l’écriture, les deux étant étroitement liés, revenus aussi sur ce support qui en dit plus et mieux qu’une simple photo publiée accompagnée de quelques mots qui se perdra dans le fil d’actualités et que tout le monde aura oubliée les secondes qui suivent. Je me demande si un jour le blog sera mort comme il avait été annoncé il y a plusieurs années de cela suite à l’arrivée d’Instagram et compagnie. Pour le moment, tant que certains contributeurs résisteront par l’envie d’écrire, il n’y a pas de raison qu’il disparaisse.