Illuminations

Ca sonne toujours bizarre à mon oreille lorsque, pour désigner l’endroit où vit la famille de mon père, j’emploie le mot « Picardie ». Aussi loin que je me souvienne, c’est assez récent que j’utilise le nom de la région, alors que plus jeune je mentionnais le département, par mimétisme avec ma cousine qui avait plutôt tendance l’appeler par ce biais. La Picardie n’évoque en rien là où mes nombreux souvenirs d’enfance se sont passés, souvenirs heureux désormais dans mon esprit d’aujourd’hui même si sur le moment il m’arrivait de m’y ennuyer fermement et de ne pas me sentir à ma place. En effet, on est même aux antipodes de l’image qu’on s’en fait avec le Maroilles ou la campagne profonde.

Les vacances de Noël étaient souvent l’occasion de nous y rendre en famille et une fois l’école terminée, c’était l’effervescence. Il fallait faire les bagages, contrôler les pneus de la voiture, faire le plein d’essence, acheter de quoi combler les petits creux sur la route. Une fois sortis de l’autoroute, nous traversions une partie de la région parisienne, notamment une « cité » clairement identifiable et aussi parce qu’en remontant le passé encore plus loin elle nous est quelque peu familière. Puis nous rejoignions des routes plus rurales moins empruntées. Nous approchant de la destination finale, je m’émerveillais des décorations lumineuses installées dans les villages dans lesquels nous rapidement qui alternaient avec l’obscurité des portions de routes qui les reliaient. Elles ajoutaient de la magie à la convivialité familiale qui nous attendait plusieurs kilomètres plus loin.

C’est précisément sur ces images qu’en ce dimanche après-midi grisâtre, sur le point de me faire un café avec la cafetière récupérée de l’appartement en train d’être vidé, parmi le flot de pensées qui m’habitent et particulièrement en ce moment, mon esprit a voulu s’arrêter un court instant.